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mardi 8 mai 2018

Syphilis@BSS

Une sélection du fonds patrimonial de la Bibliothèque des sciences de la santé

L’exposition « Syphilis, la grande simulatrice » est une opportunité pour la Bibliothèque des sciences de la santé de collaborer avec le Musée de la médecine en mettant en valeur une sélection de livres de son fonds ancien et patrimonial, héritage des pères fondateurs de la faculté de médecine lorsque celle-ci s’appelait encore l’Ecole de médecine de Bruxelles, il y a plus de deux siècles maintenant. 

Le saviez-vous ? 

L’hôpital Saint-Pierre et l’hôpital Saint Jean (dénommé respectivement le Grand et Petit Hospice) étaient les lieux de soins et d’enseignement. Ils disposaient d’une bibliothèque médicale qui resta indépendante et autonome à la création de l’Université (1834). Elle ne fusionnera avec la Bibliothèque centrale de l’Université que trente ans plus tard en 1867. C’est ainsi que notre bibliothèque actuelle peut s’enorgueillir d’avoir ces ouvrages extraordinaires que sont les Vésale et les Bernhard Siegfried Albinus…, entre autres.  

Mais revenons à la syphilis. 

Trois vitrines avec trois thématiques différentes vous attendent dans la grande salle de lecture du bâtiment D : la maladie, son traitement et son histoire (pour une aperçu complet , nous vous renvoyons à la visite de l’exposition au musée ou à la lecture de son catalogue.


La sélection des livres s’est faite en partie sur des critères visuels (planches, plan d’établissement thermal, page d’avant-titre, etc.) mais aussi insolites comme ces recettes de décoction et d’onguents dont la composition évoque des remèdes de sorcières.   

Un choix de planches nous présente les signes de la maladie. 

Le grand public connaît les spectaculaires chancres syphilitiques, il connaît moins les Colliers de Vénus. Quelle bien poétique dénomination ! 

Non, vous ne verrez pas une acrobatie du Kâma-Sûtra mais bien une syphilide pigmentaire extraite des Leçons cliniques d’Albert Fournier, manifestation dermatologique d’une syphilis secondaire. Nous étions au dernier quart du XIXème siècle, la science pensait alors qu’il s’agissait d’un virus.
Quelques années plus tard, le vrai responsable sera démasqué ! 

Nous le voyons sur une autre planche qui nous présente les signes biologiques visibles dans les analyses sanguines : des micro-organismes en forme de filaments spiralés caractéristiques du Tréponème pâle, la fameuse bactérie enfin découverte.   

Reprendre en main des ouvrages d’un fonds patrimonial amène également son lot de surprises. Quelle ne fut pas la nôtre en découvrant des notes manuscrites dans un livre ayant appartenu au professeur Guillaume Rommelaere ! (professeur d’anatomie et doyen de la faculté de médecine). 

Seraient-elles de sa main ?

Une analyse graphologique serait nécessaire pour le déterminer. En attendant elles sont le témoin des interrogations d’un médecin à propos des tentatives de création de vaccin contre la maladie.
Et du côté des romans de la section Medical Humanities

On relira le passage de l'Éruption étoilée parmi les Récits d’un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov qui nous transmet sa rage de vaincre cette terrible maladie qui a fait tant de ravages auprès des populations vulnérables comme les enfants des campagnes russes à la fin du XIXème siècle.

lundi 23 avril 2018

ART /MEDECINE : photos, dessins, peintures et installations textiles à la Bibliothèque des sciences de la santé

Exposition des résultats de recherche des étudiants de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles

« De la médecine à l’art, langage de « corps » en art plastique » est un module de recherche coordonné par deux doctorantes, Nikoo Nateghian et Léa Falguère, qui a occupé les étudiants pendant plus d’un trimestre.
  • Comment regarder le corps et la maladie ?
  • Qu'y a-t-il sous l’enveloppe de notre peau ?
  • Est-ce organisé comme dans les livres d’anatomie ?
  • Est-il possible de donner une forme à la douleur que l’on ressent ?
  • Y a-t-il une parenté entre un regard qui guide le scalpel lors d’un exercice de dissection et un regard qui conduit le pinceau lorsqu’il dessine un corps ?
  • Est-il possible de créer une représentation de l’intérieur du corps qui soit évocatrice pour celui qui l’observe, sans qu’il ne s’agisse d’une référence à ce que la théorie anatomique nous dit ?
Questionner, comprendre, explorer, découvrir….
Finalement, un module de recherche dans une école d’art c’est comme un laboratoire : boîtes de Pétri, lames, pipettes et autres ont laissé la place aux pigments, pinceaux, papier, appareils photo et une infinité de matériaux susceptibles de mettre en forme des idées ! 

Et nous ? Comment les regardons-nous ces travaux de labo ?
Réponses et pistes d’interprétation par les étudiants eux-mêmes


Corps-objet, c’est le nom de la série de photos noir et blanc de Guillaume Lefèvre et Shayan Reze. Il dessine sur les corps, elle photographie. Ensemble, ils ont créé de superbes photos noir et blanc. Voici ce qu’ils nous en disent.

Fragment est une série de grands dessins produite par Guillaume Lefèvre consécutive à son expérience du travail photo. Après cette « remontée » de la structure anatomique en surface (le dedans est transposé sur la peau des modèles photographiés), Guillaume est allé explorer l’intérieur du corps, sous la peau, au cœur du derme et plus profond encore.


Artiste textile, Antonella Valerio nous parle de la douleur au travers de la gaze, cette étoffe, légère, ajourée, douce et vaporeuse qui pense nos plaies en attendant qu’elles cicatrisent. Un fil de coton rouge symbolique traverse le textile qui s’aplatit, se contorsionne, s’agglomère, s’étale. Ces petites installations textiles sont autant de métaphores formelles de ce que peut-être la douleur. Nous, l’humain lambda, avons les mots pour exprimer ce qu’elle provoque dans notre corps. Ils répondent à un vocabulaire conditionné par notre culture, comme nous l’apprend Antonella au travers de ses carnets de dessin. Les artistes, eux, ont la matière et leur imagination pour nous la faire ressentir autrement. Et vous ? La ressentez-vous en regardant les pièces d’Antonella ?

Audrey Chatel est en design textile. Son travail échantillonne, énumère et classe les pathologies autour des organes, à chacune d’elle correspond un graphisme, une expression textile. Tiens donc, la planche qu’elle présente fait songer à un atlas ! 

D’organes, il est question aussi dans les douze délicates calligraphies en kakémono d’Emilie Dumoulin. Poumon, rate, foie, pancréas, etc. suivent la ronde des heures selon les principes de la médecine chinoise. Et notre cerveau jamais au repos, lui n’y est pas ! Zut alors. 

A côté de ces petits panneaux, deux grands linceuls blancs imprégnés de traces diaphanes et quatre peintures visitant notre intimité intérieure comme elle nous l’explique.


A voir jusqu’au 27 avril, à la Bibliothèque des sciences de la santé sur le campus Erasme (Anderlecht) 

vendredi 9 mars 2018

Exposition : « Naitre et être en Afrique, entre traditions et temps présents »

La Bibliothèque des sciences de la santé et le Pôle Santé reçoivent une exposition qui nous vient de Nantes : « Naitre et être en Afrique, entre traditions et temps présents ». Les organisateurs ont choisi un point « névralgique » du campus pour l’évènement : la salle du restaurant Les Presses qui brasse tous les publics du campus depuis son ouverture. Un lieu d’échange décontracté et convivial pour une exposition didactique qui aborde des questions sérieuses. Quels sont les mythes qui fondent l’arrivée au monde d’un enfant ? Quels sont les rites traditionnels qui accompagnent la fécondité, la stérilité, l’accouchement, l’allaitement et les premiers soins apportés au niveau-né dans les cultures traditionnelles d’Afrique ? Que penser des pratiques rituelles autour de la naissance de jumeaux dans la culture Yoruba ? Quelles sont les forces et les faiblesses des politiques de santé en matière de protection maternelle et infantile et les percées réalisées sur ce continent ?

Ces questions et d’autres sont abordées par le comité de rédaction du MUVACAN (Musée Vivant des Arts et Civilisations d’Afrique Nantais) sous la houlette du professeur Jacques Barrier. L’association émanant de l’Université de Nantes réunit des médecins, sociologues ou anthropologues tous passionnés par l’Afrique et animés par la conviction qu’apprendre à connaitre les cultures de ce continent amène un autre regard et permet de lutter contre les stéréotypes d’où l’esprit didactique qui anime la trentaine de panneaux, très agréables à lire. Témoignages, photos et informations se marient autour d’un ton simple et direct, le tout ponctué d’un regard qui nous ramène ici et maintenant dans notre culture occidentale. Ils éclairent aussi sur les fonctions des quelques quatre-vingt objets et sculptures qui sont exposés dont des maternités Baoulé, Yombé ou Tshokwé. Des sculptures ?! Une première pour la salle expo qui a été jusqu’à présent plus habituée aux sessions de poster de conférences scientifiques. Outre les maternités, le public découvrira une exceptionnelle collection de poupées de jumeaux, les fameux Ibeji des Yoruba appartenant au professeur Fernand Leroy.

En pratique :
Ouvert du lundi au vendredi de 8h30 à 17h, jusqu’au 30 juin 2018
Salle expo au restaurant Les Presses (bât F, 1er étage) – campus Erasme

Conférences spéciales pour la journée de la coopération
mercredi 21 mars
(plus d'infos ...)

mardi 30 mai 2017

Journée scientifique « Allaitement maternel » et échos à la Bibliothèque des Sciences de la Santé.



https://www.ulb.ac.be/culture/docs/voie.pdf
Y a t’il encore des choses à dire sur l’allaitement maternel en Belgique en 2017 ? 

Selon Emmanuelle Robert qui a étudié la question en profondeur à l’occasion d’une thèse soutenue tout récemment, plus que certainement. Données épidémiologiques à l’appui, elle met en évidence les disparités de la couverture de l’allaitement selon nos régions et pointe une réelle nécessité à promouvoir une durée d’allaitement plus longue, à mettre en place plus de cohérence dans le soutien au maternage, à sensibiliser et à former toute la chaîne des prestataires de soin y compris ceux de la première ligne. Le sujet est vaste et, si pas tabou, simplement mis de côté (le congé d’allaitement n’est pas encore intégré partout) . Or, depuis peu, il considéré par les grands organismes mondiaux, non plus comme un choix de vie mais bien comme faisant partie des problèmes de santé publique. Il est donc d’actualité. 

La prise de recul par une conscientisation des représentations sociale, de leur évolution permet de faire avancer les mentalités et contribue la réappropriation de thématiques. « Voies lactées », l’exposition qui se déroule actuellement à la salle Allende y contribue. Conçue par un groupe de recherche de l’Université de Genève, elle nous arrive augmentée de pièces issues des collections de l’ULB, dont des ouvrages provenant du fonds historique de la BSS (dons du professeur Marcel Graffar, père fondateur de l’Ecole de Santé Publique entre autres). 

En écho à cette activité et à la journée scientifique consacrée à la thématique (le 15 juin sur le campus Erasme), une sélection de livres est présentée à la bibliothèque, des textes scientifiques mais aussi des romans…question d’élargir les champs de réflexion. 


lundi 13 février 2017

Exposition de la photographe Paola Leonardi à la BSS

L’Ecole de Santé Publique vient d’organiser un colloque (dans le cadre du G3) intitulé Trajectoire migratoires et santé autour de la naissance. Parmi les regards croisés sur cette thématique, il y a eu celui d’une photographe italienne. En écho au colloque, son travail est actuellement présenté dans la petite salle d’expo de la bibliothèque des sciences de la santé. 

Présentation par Vanessa Grotti, directrice de EU Border Care* : 

Paola Leonardi (née en Italie, 1980) est basée à Londres et enseigne la photographie à l’Université Suffolk et à l’Université Métropolitaine de Londres. Depuis l’obtention de son Master en Image et Communication à l’Université Goldsmiths en 2006, Paola a travaillé pour des projets commerciaux et a également développé des projets personnels. Son travail a été financé par le Arts Council England, et elle a exposé au Royaume-Uni, en Italie, en Arménie et aux Etats-Unis (pour découvrir son travail, visitez : http://www.leonardiphoto.com). 

Depuis 2012, elle photographie avec un appareil analogique les personnes et les lieux tout au long des frontières de l’Union Européenne, racontant la vie aux confins de l’Europe. Son projet juxtapose les concepts d’Europe géographique et politique. L’histoire européenne et transnationale de sa famille – sa « grand-mère yougoslave » comme ils l’appelaient, est née réfugiée en Suisse après que sa famille ait quitté leur Istrie d’origine pendant la Seconde Guerre Mondiale et avant qu’ils ne s’installent en Italie – a fait naître chez la photographe un intérêt pour les identités transnationales et transculturelles, et pour l’identité européenne en lien avec les concepts de chez-soi, appartenance, mémoire et territoire. Paola voyage avant tout à pieds, parfois en transport public, ou encore à vélo ou en auto-stop. Voyager lentement lui permet de rencontrer les personnes et de mieux appréhender les lieux et modes de vie. 

Ses voyages aux frontières incluent la ligne de division Finlande-Russie, la zone tampon à Chypre et la frontière serbo-croate. Son travail pour EU Border Care, exposé ici, l’a emmené vers des frontières différentes dans deux pays du Sud européen : la Grèce et l’Italie.  En Grèce, elle a photographié dans un village à la montagne à environ 50km de la frontière avec l’Albanie, dans un ancien dortoir accueillant aujourd’hui des réfugiés et géré par l’armée grecque ; sur l’île de Leros dans la mer Egée (une des îles sur lesquelles arrivent les réfugiés depuis la Turquie ); et dans le camp improvisé dans le port de Piraeus dans la capitale Athènes, démantelé peu de temps après la visite de Paola. En Italie, elle a photographié les installations servant au premier accueil et aux soins sanitaires sur l’île de Lampedusa, mais aussi les différents lieux et espaces de l’île – églises, plages, rues – fréquentés par les nouveaux arrivants.  

La série de photographies exposée à la bibliothèque aborde les aspects quotidiens de la vie dans les lieux de passage des migrants, montrant les endroits que les migrants habitent temporairement, ainsi que les espaces où ils reçoivent des soins médicaux, et les personnes et paysages qu’ils rencontrent. Reposant sur une esthétique sobre et subtile, ces images prennent à contre-pied l’imagerie photo-journalistique habituelle. Elles tentent d’adopter le point de vue de ceux qui, au travers de leurs trajectoires migratoires, ont atteint les périphéries de l’Europe.
Regard à découvrir jusqu’au 30 juin 2017.

* EU Border Care est une étude anthropologique des services de maternité et de l’expérience de la maternité « sans papiers » dans les périphéries européennes, financé par un ERC Starting Grant (2015-2020). S’appuyant sur des travaux qualitatifs de terrain au long cours, EU Border Care conduit une analyse empirique des relations personnelles et institutionnelles de soins dans le contexte de la grossesse et de la naissance afin d’élaborer une critique innovante de l’économie morale qui sous-tend l’apport de soins et la gestion des migrations dans certains des espaces frontaliers les plus densément franchis en France, en Grèce, en Italie et en Espagne. EU Border Care a développé des collaborations interdisciplinaires et créatives à travers le champ des sciences sociales et des arts afin de produire des narrations alternatives et éthiques des espoirs et aspirations personnelles au cours de la migration afin d’atteindre un public plus large. 

Pour plus d’informations, visitez : http://eubordercare.eu 

https://perinatmigrant.sciencesconf.org/

lundi 19 septembre 2016

Dédicaces de Patrick Pelloux pour la BSS

En mai dernier l’ULB honorait ses nouveaux docteurs honoris Causa, parmi eux, Patrick Pelloux, « Un mélange de mère Teresa et de Coluche, mâtiné d’un fond de Kouchner », telle est la présentation  du personnage par son parrain académique, Alain Levèque - coordinateur du Pôle Santé.

Médecin urgentiste du Samu de Paris, président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France, écrivain et chroniqueur à Charlie Hebdo, Patrick Pelloux a été choisi par le Pôle pour recevoir les insignes DHC 2016. 

Paris-Bruxelles….les évènements qui ont bouleversé nos capitales ont tissé un lien de fraternité intense, l’émotion était palpable lors de la cérémonie. 

On  a aime sa qualité de présence, son look d’Harry Potter, son sourire malicieux et la solidité de ses poignées de main (qui vous ancrent de force dans l’instant présent).

Patrick Pelloux
On aimé ses livres qui se lisent comme un bon smoothie vitaminé, requinquant, vivifiant, avec juste ce qu’il faut d’acidité. Ils insufflent dynamisme et volonté de vivre à tout prix avec nos frères et sœurs. L’écrivain réveille nos bons sentiments, pas les béats mais les fondamentaux, ceux qui font l’essence de notre nature humaine : solidarité, attention à l’autre indépendamment de ses origines et de sa situation sociale.

On aime son style franc et direct, son regard critique sur l’effritement du service public, son bon sens, son no-jugement sur les situations humaines (en matière d’urgence, l’autre peut être soi à tout moment), ses chroniques qui tiennent de la fable et qui  recadrent avec humour et justesse nos valeurs fondamentales.  

On adore lorsqu’il invoque l’art comme la meilleure médication face à notre monde anxiogène : «  Qui peut faire oublier la malheur et la douleur sinon l’Art ! Un grand concert rock est mieux qu’une perfusion d’anxiolytique et engendre dans l’esprit une espérance. »

Patrick Pelloux  nous a fait le plaisir de dédicacer ses livres pour la bibliothèque, messages d’amitié pour notre communauté. A découvrir et à lire de toute urgence avec ou sans rock and roll.

Merci Monsieur Pelloux ! A bientôt, parmi nous.

mardi 22 mars 2016

Lancement du thème du concours Images par-delà les frontières pour la journée de la coopération

C'est avec beaucoup de plaisir que le comité organisateur du concours Images par-delà les frontières dévoile à l’occasion de la 9ème journée de la coopération le thème de sa troisième édition : Toucher / Etre touché

L’objectif de notre concours est double. A la fois le partage d’expériences, qu’elles proviennent d’un stage au-delà de nos frontières ou d’ici et, dans un même temps, une réflexion humaniste dans les domaines de la santé. La photo est la trace de cette expérience mais sans commentaires, elle n’est pas transposable. Seule, elle est une image parmi d’autres. Accompagnée d’un petit texte, d’une phrase qui la contextualise, en relation avec un thème, elle devient unique : elle est Votre témoignage. Pour être valide et recevable par le jury, les photos doivent donc  être accompagnées d’un petit texte rédigé par l’auteur. 

Pour vous faciliter la compréhension et nourrir votre réflexion, voici un petit décodage du thème de cette année. Il ne limite en rien votre créativité ! Ce sont des pistes seulement. 

Le toucher est le premier de nos sens à s’éveiller, il est aussi empreint de tabou et le moins étudié car le plus évident peut-être. Les mains sont au cœur des professions de soins et de santé, elles examinent,  palpent, aident au diagnostic, soignent, accueillent, guident les corps et les instruments. Elles émeuvent aussi. On se souviendra de la photo d’Elodie Dandlo, lauréate du concours 2014-2015, intitulée « La sécurité » et de son commentaire,

"Ce nourrisson, dans un environnement nouveau, avait beaucoup de mal à s’endormir. L’euphorie de la naissance ayant amené la famille à se rassembler, il a perdu ses repères, l'odeur et la sécurité des bras de sa propre mère.  J’ai voulu immortaliser ce moment, où, une fois de retour contre sa mère, il a serré son pouce et s’est instantanément endormi contre sa poitrine."

Elodie Dandlo - "La sécurité" (Lauréate concours 2014-2015)

Toucher, c’est aussi être touché, recevoir, accueillir un geste qui vient de l’autre et qui peut être vecteur d’émotions. Quelles sont ces émotions qui nous touchent lorsque nous soignons et accompagnons les autres ? 
Dans nos sociétés numériques où les smartphones sont devenus nos compagnons intimes, le sens de la vue est primordial et supplante nos autres sens. Cela peut nous faire oublier que ce qui nous fait rentrer en relation avec le monde, avec l’autre c’est notre sens du toucher. Il nous semblait intéressant d’amener les membres du Pôle Santé à réfléchir sur ce thème porteur en sciences de la Santé.

Alors, prêt pour ce nouveau challenge ? 

Le concours s’ouvrira officiellement à l’automne prochain pour une exposition des photos lauréates au printemps 2017. 

A suivre !

jeudi 3 décembre 2015

Campagne IST sur le campus Erasme : le billet de la BSS

Du 1er au 10 décembre, le campus Erasme s’anime grâce à la mobilisation des étudiants et du Pôle Santé autour du thème du dépistage des infections sexuellement transmissibles. La bibliothèque participe à ces initiatives : de jolies  affiches colorées, réalisées en partie avec la contribution des étudiants– bravo pour les images et slogans humoristiques - ont envahi les murs et les rayonnages.  Prospectus et flyers didactiques des différentes associations de prévention sont disponibles et un florilège de la littérature scientifique en maladies infectieuses a été mis en évidence.


La bibliothèque n’a pas voulu en rester là, c’est aussi l’occasion de mettre en avant la section Medical Humanities et d’amener la lumière sur un écrivain phare de la littérature  SIDA : Hervé Guibert.

Coïncidence de dates : la semaine de campagne est aussi proche de son anniversaire, il aurait eu 60 ans ce 14 décembre 2015. Diagnostiqué séropositif en 1988  à 33 ans, il décède le 27 décembre 1991, deux semaines après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Les souffrances et sa détérioration physique lui étaient devenues insupportables. Il avait 36 ans.  

A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, publié en 1990 est devenu un roman culte. L’ouvrage est classé dans le genre des autofictions : le récit réel de la vie de l’auteur s’entrelace avec un récit imaginaire et fictif. Ecrit à la première personne, le roman est une succession de chapitres courts et denses.  Certains peuvent choquer par les descriptions crues (mais jamais vulgaires grâce à un élégant choix de mots), d’autres lasser par un narcissisme fort présent, par trop de références au Paris mondain (sa relation avec Marine, référence à Isabelle Adjani ou son amitié avec Muzil, qui est en fait Michel Foucault). Ces chapitres dépassés, nous sommes happés par le cheminement de la maladie au travers du ressenti de l’auteur, son taux de T4 tient en haleine. Va-t-il ou non rentrer enfin dans cette étude en double aveugle que lui promet son ami américain?  

Nous participons et assistons à ses émotions tantôt avec détachement (il observe son corps comme le ferait un chercheur avec les animaux de labo), tantôt avec douleur et dureté. Cette chronique introspective nous bouscule entre ses amours, ses relations avec les médecins, les infirmières, le côté « roulette russe » des études cliniques (à l’époque la trithérapie n’existait pas encore) , sa relation  intellectuelle avec l’idée de la mort, la conscience de la maladie («c’était une maladie à paliers, un très long escalier qui menait assurément à la mort mais dont chaque marche représentait un apprentissage…c’était une maladie qui donnait le temps de mourir, et qui donnait à la mort le temps de vivre… » p.192), la fatigue immense qui l’envahit (« le livre lutte avec la fatigue qui se crée de la lutte du corps contre les assauts du virus. Je n’ai que quatre heures de validité par jour, une fois que j’ai remonté les stores immenses de la verrière, qui sont le potentiomètre de mon souffle déclinant », p.69). Certaines phrases se répandent sur plusieurs pages sans qu’un point ne vienne les stopper. Elles nous entrainent  dans un tourbillon vertigineux de mots que l’on lit et relit pour tenter de s’accrocher au sens.  On en retire un sentiment d’étouffement … étouffement comme ce virus qui le ronge peu à peu. Impossible de sortir indifférent de cette lecture. 

Après la parution de A l’ami…, il reçut des milliers de lettres de soutien  qui l’ont conduit à publier une suite en 1991, Le protocole compassionnel  rédigé sur le même mode littéraire.

Dans son ouvrage, Les livres que j’aimerais que mon médecin lise,  Micheline Louis-Courvoisier, (responsable du programme « Sciences humaines en médecine » et actuellement vice-rectrice de l’Université de Genève) nous livre un regard complémentaire sur Guibert en relevant les éléments qui donnent aux professionnels de la santé les clés d’une projection dans la réalité du patient, qu’il s’agisse de la relation thérapeutique ou de la relation que le malade entretient avec son corps et sa souffrance.   

Dernier coup de projecteur de ce billet : une bande dessinée (le 9ème art a aussi sa place dans la collection Medical Humanities). Alex et la vie d’après, imaginée par Thierry Robberecht et  Fabrice Neaud est une mise en image et en scène émouvante d’un jeune homme résilient dans sa lutte contre le virus. 



Ces livres et bien d’autres romans sont à découvrir  à la BSS.  

Bonne lecture !