L’Ecole de Santé Publique vient d’organiser un colloque (dans le cadre du G3) intitulé Trajectoire migratoires et santé autour de la naissance. Parmi les regards croisés sur cette thématique, il y a eu celui d’une photographe italienne. En écho au colloque, son travail est actuellement présenté dans la petite salle d’expo de la bibliothèque des sciences de la santé.
Présentation par Vanessa Grotti, directrice de EU Border Care* :
Paola Leonardi (née en Italie, 1980) est basée à Londres et enseigne la photographie à l’Université Suffolk et à l’Université Métropolitaine de Londres. Depuis l’obtention de son Master en Image et Communication à l’Université Goldsmiths en 2006, Paola a travaillé pour des projets commerciaux et a également développé des projets personnels. Son travail a été financé par le Arts Council England, et elle a exposé au Royaume-Uni, en Italie, en Arménie et aux Etats-Unis (pour découvrir son travail, visitez : http://www.leonardiphoto.com).
Depuis 2012, elle photographie avec un appareil analogique les personnes et les lieux tout au long des frontières de l’Union Européenne, racontant la vie aux confins de l’Europe. Son projet juxtapose les concepts d’Europe géographique et politique. L’histoire européenne et transnationale de sa famille – sa « grand-mère yougoslave » comme ils l’appelaient, est née réfugiée en Suisse après que sa famille ait quitté leur Istrie d’origine pendant la Seconde Guerre Mondiale et avant qu’ils ne s’installent en Italie – a fait naître chez la photographe un intérêt pour les identités transnationales et transculturelles, et pour l’identité européenne en lien avec les concepts de chez-soi, appartenance, mémoire et territoire. Paola voyage avant tout à pieds, parfois en transport public, ou encore à vélo ou en auto-stop. Voyager lentement lui permet de rencontrer les personnes et de mieux appréhender les lieux et modes de vie.
Ses voyages aux frontières incluent la ligne de division Finlande-Russie, la zone tampon à Chypre et la frontière serbo-croate. Son travail pour EU Border Care, exposé ici, l’a emmené vers des frontières différentes dans deux pays du Sud européen : la Grèce et l’Italie. En Grèce, elle a photographié dans un village à la montagne à environ 50km de la frontière avec l’Albanie, dans un ancien dortoir accueillant aujourd’hui des réfugiés et géré par l’armée grecque ; sur l’île de Leros dans la mer Egée (une des îles sur lesquelles arrivent les réfugiés depuis la Turquie ); et dans le camp improvisé dans le port de Piraeus dans la capitale Athènes, démantelé peu de temps après la visite de Paola. En Italie, elle a photographié les installations servant au premier accueil et aux soins sanitaires sur l’île de Lampedusa, mais aussi les différents lieux et espaces de l’île – églises, plages, rues – fréquentés par les nouveaux arrivants.
La série de photographies exposée à la bibliothèque aborde les aspects quotidiens de la vie dans les lieux de passage des migrants, montrant les endroits que les migrants habitent temporairement, ainsi que les espaces où ils reçoivent des soins médicaux, et les personnes et paysages qu’ils rencontrent. Reposant sur une esthétique sobre et subtile, ces images prennent à contre-pied l’imagerie photo-journalistique habituelle. Elles tentent d’adopter le point de vue de ceux qui, au travers de leurs trajectoires migratoires, ont atteint les périphéries de l’Europe.
Regard à découvrir jusqu’au 30 juin 2017.
* EU Border Care est une étude anthropologique des services de maternité et de l’expérience de la maternité « sans papiers » dans les périphéries européennes, financé par un ERC Starting Grant (2015-2020). S’appuyant sur des travaux qualitatifs de terrain au long cours, EU Border Care conduit une analyse empirique des relations personnelles et institutionnelles de soins dans le contexte de la grossesse et de la naissance afin d’élaborer une critique innovante de l’économie morale qui sous-tend l’apport de soins et la gestion des migrations dans certains des espaces frontaliers les plus densément franchis en France, en Grèce, en Italie et en Espagne. EU Border Care a développé des collaborations interdisciplinaires et créatives à travers le champ des sciences sociales et des arts afin de produire des narrations alternatives et éthiques des espoirs et aspirations personnelles au cours de la migration afin d’atteindre un public plus large.
Pour plus d’informations, visitez : http://eubordercare.eu
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