L’étude compare les coûts de 3 modèles de publication différents :
- le modèle de souscription traditionnel aux revues scientifiques ;
- l’édition des revues en libre accès (le modèle « auteur-paie » ou Gold Open Access), et ;
- l’auto-archivage des articles dans des dépôts institutionnels ou archives ouvertes (Green Open Access) sans suppression d’abonnements aux revues.
L’étude prend également en compte les bénéfices de l’accès libre aux publications en termes d’efficacité de la recherche, d’accessibilité aux résultats et leur impact, et par conséquent en termes de retours sur investissements en R&D.
La modélisation montre que le modèle le plus avantageux est celui de l’édition en libre accès, où les frais de publication sont pris en charge par les institutions de recherche. Ainsi, l’adoption de ce modèle conduirait à une économie annuelle de 70 millions d’euros au Danemark, 133 millions d’euros aux Pays-Bas (voir OA would save the Netherlands 133 million Euros/year) et 480 millions d’euros au Royaume Uni.
Les avantages ne se feraient pas sentir uniquement sur le long terme ; déjà durant la phase de transition, augmenter le libre accès aux résultats de la recherche aurait des effets positifs. Notons que pour tout chercheur, une manière très simple d’y contribuer est de déposer ses publications dans un dépôt institutionnel ou une archive ouverte.
Les réactions des acteurs de terrain à cette étude ont été variées : les UK Research Councils et le Wellcome Trust, déjà bien engagés dans la voie de l’Open Access, ont accueilli ces résultats avec satisfaction. Aux Pays-Bas et au Danemark, les organismes de financement de la recherche ont souligné les difficultés économiques de la période de transition vers un modèle entièrement open access. Les éditeurs, pour leur part, ont déploré n’avoir pas été consultés (l’étude est basée sur des données publiquement disponibles (**)), et ont souligné que l’édition en libre accès était économiquement plus viable que l’auto-archivage.
Au cours du séminaire, les implications pour les organismes de financement de la recherche ont été discutées, et deux représentants de la Commission Européenne (DG Recherche et DG Société de l’information) ont présenté leurs activités dans le domaine de l’Open Access.
Au cours de la discussion, un représentant de l’association des éditeurs STM s’est inquiété de la perte d’emplois dans les bibliothèques que provoquerait un modèle entièrement Open Access.
Qu’il se rassure : les activités dans les bibliothèques ne cessent de se diversifier, et le temps actuellement consacré aux acquisitions et aux dures négociations avec les éditeurs serait avantageusement utilisé à (encore) mieux servir la communauté scientifique : offrir plus de formations documentaires, développer des services à valeur ajoutée dans le dépôt institutionnel, sensibiliser les chercheurs à une meilleure gestion de leurs droits d’auteur, numériser nos fonds patrimoniaux, mettre en œuvre des outils et services électroniques adaptés aux pratiques actuelles de recherche et de communication savante… la liste des activités en attente est longue !
Clairement, l’Open Access permettra de faire plus avec le même niveau de financement.
(*) Knowledge Exchange est un partenariat de 4 organismes de financement de la recherche ou d’infrastructure de la recherche en Europe (Allemagne, Pays-Bas, Royaume Uni et Danemark), visant à coordonner leurs efforts pour rendre les contenus scientifiques librement accessibles sur Internet.
(**) On connaît la difficulté de recueillir des données sur les coûts de production des revues scientifiques auprès des éditeurs, voir notre expérience pour réaliser l’étude pour la Commission européenne Study on the economic and technical evolution of the scientific publication markets in Europe.
Référence :
Open Access – What are the economic benefits? A comparison of the United Kingdom, Netherlands and Denmark by Professor John Houghton, Victoria University, Australia.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire