mardi 19 octobre 2010

Revues scientifiques : payables jusque quand encore

International Open Access Week 18-24 octobre 2010


En 2010, le budget documentaire des bibliothèques de l’ULB s’élève à 3,53 millions d’euros. Ce budget a subi une inflation totale de 60% en 10 ans ; les dépenses en périodiques et documentation électronique ont augmenté de 80%, et celles pour les livres de 20%. 



Certes le nombre de titres de périodiques courants souscrits est passé de 7.000 en l’an 2000 à 17.800 en 2009, revues papier et électroniques cumulées. Mais l’offre est-elle adaptée aux besoins ? L’achat de bouquets, qui représente 83% des revues électroniques souscrites à l’ULB, a permis de juguler l’inflation à deux chiffres du prix des périodiques que nous avons connue jusque dans les années 1990, et nous a permis d’élargir l’offre documentaire. Mais l’effet pervers du « big deal », c’est-à-dire l’abonnement forfaitaire donnant accès à la totalité de la collection d’un éditeur (un bouquet global), est qu’il mobilise les budgets à long terme : le coût d’un bouquet global reste basé sur le chiffre d’affaires du premier contrat signé (certains datant de 2001!), dûment indexé de 4% à 7% chaque année, et sans possibilité de révision !  Les bibliothèques se retrouvent captives des conditions contractuelles imposées par les éditeurs et condamnées à payer de plus en plus pour le même bouquet. La marge budgétaire pour l’achat de revues en dehors de ces bouquets et de titres provenant de plus petits éditeurs s’en trouve de plus en plus réduite. 

Résultats des courses à l’ULB : un pourcentage croissant du budget documentaire est dévolu à l’achat de périodiques (61%), lequel, cumulé à l’achat de documentation électronique, atteint 76% du budget documentaire. 



Les perspectives pour 2011 ne sont guère réjouissantes, si ce n’est un faible ralentissement du rythme d’augmentation du coût des périodiques : Ebsco annonce que, hors impacts liés aux taux de change, les augmentations 2011 se situeraient globalement entre 4% et 6%. Mais le « big deal » reste le modèle commercial privilégié par les grands éditeurs.  

Le seul moyen pour une bibliothèque de rompre ce modèle financier déséquilibré est de quitter le consortium d’achat des « big deals » et de s’abonner titre par titre, au prix du jour. C’est le pas qu’a franchi l’Université Pierre et Marie Curie début octobre. Mais quel en sera le prix ? La liberté n’a pas de prix…

Petit exemple pris au hasard: un abonnement institutionnel à la revue Brain Research coûtera 20.904 euros en 2011 pour recevoir UN exemplaire imprimé des 63 numéros à paraître (soit, sur base des numéros parus ces 12 derniers mois, 1,95 euros la page et 19,30 euros l’article – à comparer aux 6,47 euros par article publié dans une revue en neuroscience d’un éditeur non commercial ), et un accès électronique institutionnel coûtera à peine moins, soit 20.597 euros. Avec notre budget annuel de 3,53 millions d’euros, notre portefeuille de périodiques serait réduit à 172 titres à ce prix-là.  Heureusement tous les périodiques ne sont pas aussi chers. Le coût moyen d’un périodique du portefeuille de l’ULB est estimé à 920 Euros en 2009. Si l’on devait renoncer aux « big deals » en consortium, à l’instar de l’Université Pierre et Marie Curie, pour retrouver le contrôle de nos budgets et sélectionner nos achats, notre budget de 3,53 millions d’euros nous permettrait de nous abonner, en moyenne, à 3.800 revues (soit à peine la moitié des collections papier de l’an 2000 !). N’est-ce pas prendre la communauté scientifique en otage économique?

Alors ayez le bon réflexe et exercez votre droit à communiquer les résultats de vos recherches en Libre Accès : déposez le texte de vos articles dans une archive ouverte, un dépôt institutionnel comme DI-fusion ! La barrière économique disparaît pour les chercheurs du monde entier, vos articles sont lisibles par tous, indépendamment du prix de la revue… 



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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Opération BOYCOTT : oui à la réappropriation des résultats de la recherche ! Fin de la confiscation des publications par les gestionnaires de l'édition en ligne ! Faites plier ces marchands et leur odieux chantage :
Bibliothécaires de tous les pays, unissez-vous !