mercredi 12 août 2009

Crise de la publication scientifique : rappel des faits !


Dans un contexte universel de crise économique et financière, Oxford University Press annonçait, en juin, sa nouvelle politique commerciale (voir l’analyse ici)… le début d’une (petite) lame de fond : chaque éditeur renchérit depuis avec une politique en apparence plus attrayante que son voisin (SPIE Digital Library, Earthscan, SAGE, IOP Publishing, Walter De Gruyter, etc.) – pour en savoir plus à propos de ces effets d’annonce et des analyses qu’en font certains responsables d’acquisition dans les bibliothèques, nous ne pouvons que vous recommander de vous inscrire à la très instructive liste de discussion LIS-E-RESOURCES@JISCMAIL.AC.UK (dont les archives se trouvent ici. Exemple de mail édifiant Disturbing spread of dyscalculia in recent publisher price lists and announcements de Bernd-Christoph Kaemper (Stuttgart University Library) –.

Même le NISO (National Information Standards Organization) s’y est mis en produisant son Shared Electronic Resource Understanding qui recommandait, dès octobre 2008, certaines pratiques lors de la négociation des licences assurant à notre communauté universitaire l’accès aux revues scientifiques payantes… les bibliothèques tentent elles-aussi de s’organiser depuis de nombreuses années pour négocier au meilleur prix l’accès au savoir (voir p.e. la LIBLICENSE expliquée ici, les Licensingmodels.com ou les principes de l’ARL).

Mais pourquoi les bibliothèques s’émeuvent-elles des pratiques commerciales d’éditeurs (ou d’agrégateurs) dont les produits satisfont un grand nombre de nos chercheurs ? Rappel de quelques faits tirés de Crise de la publication scientifique : pourquoi ?) :

  • de 1975 à 1995, les prix ont excédé l’indice d’inflation de 200 à 300% dépassant largement l’évolution des budgets des bibliothèques, plus lente encore que celle des budgets alloués à la recherche dans les institutions académiques ;
  • le budget documentaire des bibliothèques de l'ULB, par exemple, est passé d’environ 1,9 million d'EURO en 1998, à 3,3 millions d'EURO en 2008, soit une augmentation de 176% en 10 ans, permettant (seulement) de maintenir les collections existantes, ou de remplacer un abonnement par un autre ;
  • en 2004, une voiture new beetle coûtait moins cher qu’1 an d’abonnement à LA revue Brain research ! (voir ici) ;
  • évolution de la notion d’acquisition de revues dans leur version électronique : on achète un périodique papier qui reste notre entière propriété… mais on loue un droit temporaire d’accès à la version en ligne ; les prix fixes des abonnements aux revues imprimées deviennent négociables dans le cadre d’accès à un bouquet de revues électroniques (négociation en consortium), et variables en fonction des bibliothèques clientes, etc. Nous reviendrons sur ce point dans un prochain billet.
Et la devinette du jour : « qui est prêt à payer 4 fois pour un même produit ? »

Réponse : les universités & bibliothèques (donc le contribuable…) pour les revues scientifiques !

Explication : dans le modèle de publication électronique qui est devenu traditionnel (nous reviendrons dans un prochain billet sur les différents modèles de publication scientifiques coexistant actuellement) :

  1. les institutions payent les chercheurs qui rédigent les articles publiés dans les revues scientifiques ;
  2. les institutions payent les scientifiques qui révisent et commentent les articles qui sont soumis à leur expertise (système de peer review);
  3. les bibliothèques/institutions payent aux éditeurs et/ou agences d’abonnement le droit d’accéder aux revues dans lesquelles leurs chercheurs ont publié ;
  4. les bibliothèques/institutions payent aux éditeurs l’accès perpétuel aux archives électroniques de ces mêmes revues.
Comme d’autres, ici (en français) ou (en anglais), nous pensons que l’open access, les archives ouvertes et les dépôts institutionnels peuvent contribuer à infléchir les pratiques étayant le système de la communication scientifique.

A suivre !

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